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Le dessiquètement hélianthropique global
28 août 2021

Sanitarium

 

Le 21e siècle fut celui des grands progrès sanitaires. Après avoir vaincu le covid en se confinant 6 années de suite, et en ayant vacciné chaque humain 27 fois, on entrevit des solutions à toutes sortes d'autres maux menaçant l'humanité. Ainsi fut créé le Conseil Sanitaire et Sécuritaire (que certains surnommaient abusivement Conseil des SS).

 

Celui-ci nous fit faire de grandes avancées. Par exemple, on disait que dès le 19e siècle on savait qu'il fallait s'aérer contre les virus. Mais en fait non, car c'était une époque rétrograde, maintenant et grâce à la Science on sait qu'il faut tout simplement enfermer tout le monde !

 

Un autre axe de son travail consistait dans le développement de la prophylaxie, c'est à dire profiler les laxistes. Les antivax, les anti-confinements, les anti-mesures de toutes sortes, tous ceux là qui nous mettaient tous en danger ! On les détectait et on les enfermait pour leur bien dans des centres de rééducation. C'est cette prophylaxie qui permit les merveilles que l'on connut ensuite.

 

Dès lors qu'il fut créé, le CSS géra toutes les grandes catastrophes sanitaires de ce 21e siècle, à commencer par :

 

 

Le terrorisme

 

Pour faire face à l'épidémie d'attaques au couteau qui se répandait sur la planète entière, le CSS déclara que chaque être humain devrait désormais sortir de chez lui vêtu d'une armure de plate en titane de 25kg.

 

Certains citoyens protestèrent en affirmant qu'il aurait été bien plus utile de détecter les cellules terroristes et d'enfermer les récidivistes. Ce sont eux qui furent enfermés et rééduqués suite à ces déclarations absurdes et antisémites.

 

Certes, il était difficile de suivre des cours ou de faire son travail en armure de plate complète, mais c'est cette mesure qui eut raison des attaques au couteau. Le CSS avait donc vu juste. Désormais, les terroristes utilisaient des attaques à la bombe.

 

De toute façon, une nouvelle catastrophe sanitaire allait obliger à renforcer ces mesures qui avaient déjà prouvé leur efficacité.

 

 

 

La vague de froid

 

Face au problème des armures de plate jetables qui épuisèrent très vite les ressources en titane, et qui rendaient impossible la pratique du sport, le CSS eut l'idée géniale d'interdire le sport, afin de promouvoir la santé de la population. En effet, il y eut bien trop d'accidents lors de sauts en parachute ou de courses de vélo à cause des irresponsables qui s'acharnaient à pratiquer ces activités dangereuses avec les armures.

 

C'est alors qu'en dépit de toutes les prévisions climatiques advint la grande vague de froid qui submergea de nombreux pays. Comme les armures de plate n'étaient pas assez chaudes et que les réserves de titane étaient épuisées, on rendit obligatoire l'armure de plate multi-couches molletonnées en plomb. Malgré son poids de 40kg, cette protection permit à la population mondiale de survivre aux longues semaines de froid qui s'abattit cruellement sur elle.

 

Lorsque la vague fut enfin passée, les gouvernements se félicitèrent d'avoir pris ces mesures sans attendre, et qui ont permis de sauver des millions de vie.

 

Les critiques imbéciles et complotistes portant sur la corruption provenant du lobby des armures de plate furent combattues ardemment, et ceux qui propageaient ces rumeurs enfermés et rééduqués comme il se devait.

 

 

La pluie de météorites

 

Quelques temps après la vague de froid, il y eut la pluie de météorite, nouvelle plaie inattendue qui frappa le monde. On compta des centaines de milliers d'impact frappant toutes les régions, et des tests permirent de déterminer que même l'armure de plate multi couches en plomb ne suffisait pas, en terme de protection. Un génial inventeur fut recruté, qui proposait le trampoline de tête fixable sur le casque de l'armure.

 

Grâce à cette mesure l'humanité n'eut à dénombrer aucun mort.

 

Les contestataires prétendirent absurdement qu'il était statistiquement très improbable qu'une seule personne fut touchée en pleine tête par une de ces météorites, d'autant que la pluie était terminée quand on commença à équiper la population en trampolines de tête. Ils ajoutèrent éhontément que les gouvernements avaient prétendu pendant la vague que les trampolines de tête étaient totalement inutiles avant de les imposer.

 

Les gouvernements firent interner et rééduquer ces fous dangereux négationnistes.

 

 

Le déluge

 

Incidemment, quelques mois plus tard, de très importantes précipitations confirmèrent l'utilité de toutes ces mesures. Ce déluge qui s'abattit sur de très nombreux pays du monde posa toutefois un nouveau défi technique aux inventeurs du CSS. En effet, les armures de plate jetable commencèrent à rouiller à grande vitesse. Les complotistes laxistes affirmèrent absurdement que c'était parce qu'elles étaient désormais faites en fer à cause de la pénurie de plomb, ce que les gouvernements réfutèrent en faisant enfermer tous les contestataires néfastes. Les armures ne pouvaient pas être en fer, puisqu'il y avait pénurie de fer depuis l'usage massif de fer jetable dans l'armature des trampolines de tête. N'importe quoi.

 

En tout cas, les inventeurs du CSS eurent une idée géniale : disposer des parapluies de tête sur les trampolines de tête, avec un trou au milieu du parapluie pour permettre aux météorites qui pourraient éventuellement revenir de pouvoir atteindre le trampoline de tête sous le parapluie de tête.

 

C'est grâce à ce niveau d'ingéniosité que l'humanité put survivre au déluge. Bien sûr, par prudence et par application rigoureuse du principe de précaution, le port de l'armure de plate multi-couches équipée d'un trampoline et d'un parapluie de tête restèrent obligatoires jusqu'à la prochaine crise.

 

Ceux qui prétendirent que le port continu de cette armure – qui avait entretemps été étendu aux périodes de sommeil ainsi qu'aux bains et aux douches – posait de nombreux problèmes sociaux et pratiques, furent internés et rééduqués. Ces anti-science prétendaient que ce n'était pas le déluge, mais les bains et les douches en armure qui faisaient rouiller ces protections. Ce qui était parfaitement idiot puisque ces armures étant jetables, leur rouille ne posait aucun problème, même si certains experts auto-proclamés prétendaient absurdement que cela empêchait leur recyclage. N'importe quoi. On ne recyclait pas les armures, cela aurait demandé bien trop d'énergie et de main d’œuvre. Nous n'étions pas dirigés par des idiots, et ceux-ci voyaient bien plus loin que les complotistes antisémites.

 

 

Les tremblements de terre

 

Des spécialistes alertèrent lors des années suivantes, qui furent d'ailleurs remarquablement calmes, à propos d'une recrudescence des séismes. Le lobby des armures de plate proposa immédiatement sa solution : les amortisseurs de pieds fixables sous les chausses de leurs amures. Comme il n'y avait officiellement plus de titane, ni de plomb, ni de fer et donc pas non plus d'acier, et qu'on réservait les autres métaux étaient également en pénurie ou privilégiés pour d'autres tâches, on conçut ces ressorts en rotin.

 

Les complotistes prétendirent qu'il n'y avait pas plus de séismes qu'avant et qu'il était impossible de marcher avec ces "trucs" qui se brisaient sous les pieds. Ces irresponsables antisémites ne comprenaient pas que cela n'avait pas d'importance, puisque ce qui comptait c'était d'avoir une couche protectrice sous l'armure pour faire amortisseur. Bref. Ils furent capturés et rééduqués. Allez hop au trou !

 

 

Surpopulation et MST

 

Dans un de ces rapports, le CSS alerta sur la surpopulation dans le monde ainsi que sur la possible émergence, dans les années ou décennies à venir, d'une maladie sexuellement transmissible qui pourrait être extrêmement dangereuse.

 

Face à cette menace hypothétique mais catastrophique pour l'humanité, il fut décidé que pour résoudre de concert les deux problèmes, chacun, homme comme femme, comme transgenre et comme... enfin, tout le monde devrait désormais porter une ceinture de chasteté sous son armure, dont la clef serait confiée à un agent assermenté par la force publique, puis rangée dans un coffre sécurisé des services de l'armée.

 

Les complotistes protestèrent contre cette mesure absurdement qualifiée de liberticide. N'importe quoi. Tout était prétexte à employer ce mot, pour eux.

 

Ils furent donc attrapés et reformatés. Ceci dit, on ne savait pourquoi mais il en apparaissait toujours de nouveaux, comme si chaque mesure suscitait une vague de folie parmi les esprits les plus fragiles et les plus antisémites. Le CSS se fixa comme objectif de détecter plus intensément les contestataires en augmentant la prophylaxie à l'avenir.

 

Mais en attendant il était urgent de parer à cette menace hypothétique et chacun fut donc équipé dans des centres spécialisés de ces ceintures de chasteté scellées. On avait débloqué pour cela les dernières ressources de certains alliages particulièrement robustes : il était important que ces ceintures soient inviolables. D'ailleurs contrairement aux armures elles ne seraient pas jetables, et en fait il était impossible de les enlever par aucun moyen connu à ce jour. Quelques voix de complotistes dissidents et mettant en danger la société, qui s'étaient débrouillés pour se rendre indétectables, propagèrent des messages absurdement alarmistes à propos de la fin de l'humanité à cause de l'impossibilité de se reproduire à cause de ces objets. N'importe quoi. Un trou avait été prévu pour pisser.

 

De toute façon, il fallait aller de l'avant et ignorer ces fous. À défaut de pouvoir les attraper, on censura leurs messages partout où l'on pouvait les trouver. Et dans le même temps, pour plus de sécurité, on ajouta que chacun devait être en possession en permanence d'un lot de préservatifs non périmés. Au cas où.

 

 

Les inondations

 

On s'aperçut lors d'inondations que l'on pouvait ajouter des bottes en caoutchouc aux armures pour protéger la population contre ce fléau. Il suffisait de laisser le fond des bottes ouvert pour que les amortisseurs de pied puissent rester effectif, et c'est ainsi que l'on se joua de cette catastrophe : les bottes en caoutchouc furent ajoutées à la liste des mesures de protection obligatoires.

 

En plus ça tombait bien, il n'y avait pas de pénurie de caoutchouc.

 

Pour l'instant.

 

 

Les accidents du travail

 

Malgré tous les efforts faits en matière sanitaire, les accidents du travail restaient un problème. Beaucoup de gens s'étouffaient ou faisaient des chutes. Il y avait même de nombreux accidents d'ascenseurs qui se décrochaient. La coalition secrète des contestataires, les dangereux terroristes anti-mesures, affirmèrent absurdement que tout cela était du au port prolongé des armures de plate multicouches (qui n'étaient plus jetables depuis qu'on n'avait plus de quoi les remplacer) toutes rouillées, dans lesquelles l'air passerait mal, avec lesquelles on ne pouvait plus marcher, et qui occasionnaient trop de poids dans les ascenseurs. N'importe quoi. On les censura avec opiniâtreté.

 

La vérité était toute autre, et le CSS et les gouvernements s'y accordaient : le travail était, comme le sport, une activité dangereuse, comme le prouvaient les nombreuses crises cardiaques qui advenaient chez ceux qui essayaient de faire du jogging en armure. La solution était évidente : interdire le travail.

 

Des anti-pointeuses furent installées sur tous les lieux de travail. Ceux qui les utilisaient pour accéder à ces lieux recevaient une amende à la place de leur salaire, puis étaient capturés et rééduqués. Problème résolu.

 

 

Stress, cancer et maladies cardio-vasculaires

 

Une fois tous ces fléaux résolus par ces ensembles de mesures pertinentes et proportionnées, il restait encore de nombreux problèmes de santé publique à résoudre. Notamment le stress, qui était impliqué dans les cancers et les maladies cardio-vasculaires. On songea d'abord à interdire le stress, mais certains parmi les esprits les plus ingénieux du CSS estimèrent que cela ne pourrait pas suffire sans mesures associées.

 

Certes, l'abolition du travail avait dans un premier temps fait baisser le stress, mais on s'aperçut bientôt que celui-ci remontait. Les conspirationnistes antisémites firent savoir dans leurs communiqués que cela était selon eux du au fait que de très nombreuses personnes sans ressources stressaient de ne plus pouvoir gagner d'argent et donc se nourrir à cause de l'impossibilité à travailler et toucher de l'argent. N'importe quoi. L'argent ne se mangeait pas.

 

Au lieu d'écouter ces idioties que l'on censurait dès qu'on les découvrait, on trouva la mesure la plus adaptée : désormais, chacun aurait, intégré dans son armure, un système de mesure du stress. Dès que ce système détectait un stress anormal, il déclenchait une alarme très stridente, que l'on pouvait entendre à 200m, qui provoquait également des vibrations intenses afin que mêmes les sourds et les malentendants puissent être avertis qu'ils se trouvaient en situation de stress. Face à cet avertissement, tout un chacun prendrait conscience qu'il s'était placé dans une situation de stress et qu'il pouvait y faire face par les moyens détaillés dans les publicités qui passaient 24/24 dans les médias, pour faire la promotion de la méditation et de la relaxation.

 

 

Les suicides

 

De manière très étrange, une épidémie de suicides se déclencha immédiatement après que le CSS ait résolu le problème du stress dans le monde. On se demanda s'il pouvait s'agir d'un virus, d'un nouveau syndrome psychiatrique, mais on avait du mal à réfléchir à ce problème à cause de toutes les alarmes qui sonnaient partout et tout le temps. On ne pouvait cependant pas interrompre cette mesure de santé publique primordiale, et il faudrait donc apprendre à faire avec.

 

On observa avec beaucoup de perplexité cet étrange dérèglement du comportement : les gens qui se crevaient les tympans par l'orifice de leur armure, ceux qui se jetaient du haut d'un immeuble pour en finir avec la vie. Heureusement, personne ne pouvait se trancher les veines, encore un problème évité grâce aux armures de plate multi-couches.

 

Les contestataires antisémites déclarèrent absurdement que tout cela était du au vacarme incessant qui rendait notamment la vie impossible dans les villes, du moins pour ceux qui avaient survécu au chômage. N'importe quoi. Comment pouvait-on en venir à des conclusions aussi ridicules ? Les études du gouvernement le prouvaient : il n'y avait jamais eu autant de personnes pratiquant la méditation dans les lieux publics depuis les mesures anti-stress, même si les contestataires prétendaient qu'il s'agissait en fait de manifestants qui faisaient la grève de la faim devant les ministères. On fit censurer ces propagateurs de fake news. Personne ne pouvait faire la grève de la faim en plein milieu d'une pénurie de nourriture, ça n'avait aucun sens.

 

Quoiqu'il en soit, on essaya diverses mesures. Tout d'abord on interdit de se jeter des immeubles et sous les trains, ainsi que de s'empoisonner à mort. Ces mesures aplanirent la vague, mais il fallait aller encore plus loin pour mettre fin à cette incompréhensible épidémie. Devant ce problème de santé publique majeure, on employa les grands moyens. D'abord, tout suicidé devrait payer une amende conséquente. Et comme cela ne suffisait pas on rétablit la peine de mort pour les suicidés.

 

Cela résolut définitivement, immédiatement et totalement le problème.

 

Si si, ce sont les gouvernements qui l'affirment et s'en félicitent.

 

Et n'écoutez pas les contestataires dangereux qui osèrent encore mettre cela en doute.

 

Next.

 

 

L'épidémie d'humour

 

A cette période là apparut une dangereuse contrebande : des bande-dessinées satiriques qui circulaient sous le manteau, ou plutôt sous l'armure, et qui tournaient en dérision toutes les décisions du CSS et des gouvernements lors de ces dernières années.

 

Cela fut pris très au sérieux, et face à la défiance des défenseurs des droits de l'homme qui s'étaient rangés du côté des contestataires terroristes anti-science et antisémites, les gouvernements promulguèrent une nouvelle constitution mondiale, que l'on intitula « il est interdit de ne pas interdire ». L'humour fut interdit dans l'article 1, car désormais reconnu par toutes les organisations sanitaires du monde comme péril sanitaire majeur numéro 1.

 

D'ailleurs, dans l'article 2, les maladies contagieuses furent interdites. Or il était impossible de ne pas remarquer que l'humour mettait de bonne humeur. Or la bonne humeur étant contagieuse, elle fut illico déclarée pandémie de classe 5. Elle devint la priorité absolue de tous les services d'hygiène du monde.

 

Contre elle, on recommandait l'interdiction de décorer son armure de quelque manière que ce soit. Toute armure devait demeurer d'un gris rouillé impeccable. Des prises de température étaient faites à l'entrée de tous les lieux publics, et si un spectacle ou un film était suspecté de contenir un trait d'esprit, il était interdit ou censuré de la manière la plus rigoureuse qui soit. Et toute personne ayant été découverte à assister à un spectacle clandestin était déclarée « cas contact » et internée et rééduquée.

 

On n'entendit bientôt plus aucun rire se mêler au concert des alarmes anti-stress.

 

 

Le virus informatique

 

Un problème simple à résoudre. On réalisa qu'à chaque fois qu'apparaissait un virus informatique, il suffisait d'éteindre tous les ordinateurs du monde jusqu'à ce que le virus en ai marre.

 

Les contestataires arguèrent que cela posait des problèmes sanitaires car plus rien ne marchait, ni les hôpitaux ni les services publics et sociaux d'aide ou d'appels d'urgence. Ce qui causait selon eux beaucoup de morts.

 

Mais cette mesure avait un autre avantage : comme internet était coupé, plus personne ne pouvait écouter leurs absurdités dangereuses, et on gagnait du temps car on n'avait même plus besoin de les censurer.

 

 

Evasion d'un zoo

 

Le monde était plein de surprises. Quand on croyait avoir résolu tous les problèmes sanitaires et tous les dangers, de nouveaux survenaient. Un jour, un lapin s'échappa d'un zoo par la faute d'un gardien distrait qui, disait-on, s'était pris son amortisseur de pieds dans une porte de cage. Le fauve, profitant de ce moment d'inattention, s'était répandu dans les rues de la ville voisine. On n'était pas sûr du sexe de ce lapin, et certains affirmaient qu'il était de toute façon stérilisé, comme tous les animaux de ce zoo. Mais on n'était jamais sûr de rien, et la doctrine de la CSS était que deux-cents une précautions valent mieux que deux-cents.

 

On déclara donc l'alerte mondiale.

 

L'animal, même stérilisé, pouvait avoir une chance de se reproduire avec un animal sauvage du même type. Peut-être même pouvait-il s'hybrider avec des animaux domestiques, selon une série d'études très rigoureuses. Et l'on sait que les lapins peuvent être extrêmement prolifiques. De plus, il y avait un risque, même s'il était infime, que l'animal, en se reproduisant, puisse engendrer une forme de myxomatose transmissible à l'homme.

 

Une escalade de mesures nécessaires fut donc mise en place dans la journée même de son évasion.

 

Confinement de tous les habitants de la planète pour au moins les 6 mois à venir, assorti d'un couvre feu de 14h à 13h33, avec des rondes effectuées en armure multi-couches stérile de tous les volontaires qui le voulaient, sur tous les continents. Le port du masque chirurgical anti-lapin par dessus l'armure fut instauré ainsi que le lavage au gel lapin-alcoolique de toutes les parties du corps pouvant encore l'être avec le port de l'armure De plus, chaque être humain devait être équipé d'une arbalète de poing anti-lapin, fixable sur l'armure. Par ailleurs, une distanciation sociale de 4m44 devait être respecté entre chaque personne. On avait en effet mesuré qu'en cas d'attaque sur une personne, le lapin ne pourrait pas rebondir de plus de 4m43 vers une deuxième cible, ce qui laissait le temps d'abattre le monstre et d'espérer mettre fin à la crise sanitaire sans risquer trop de victimes.

 

Tout le monde se plia à ces mesures sans discussion. En effet, la menace sanitaire posée par un lapin sur toute l'humanité était une menace inconnue et donc incommensurable qui justifiait toutes les précautions et la prudence la plus extrême. Nous avions retenu les leçons de la crise du coronavirus.

 

Des modélisations prévoyaient que si rien de tel n'était mis en place, les lapins pourraient conquérir la planète en seulement 3 mois, rendant de plus en plus probable l'émergence d'une maladie transmissible, qui si elle était encore hypothétique à ce moment, pourrait exterminer l'humanité en moins de 2 ans. Ces chiffres proviennent de l'institut Ferguson, réputé pour sa fiabilité.

 

Comme le lapin ne fut jamais retrouvé, et que son espérance de vie était estimée à 9 ans, on poursuivit les confinements pendant 15 ans sans interruption pour se laisser une bonne marge de sécurité. Grâce à ces mesures, on ne constata aucune prolifération des lapins, d'ailleurs ils avaient tous été tués à l'arbalète. Certes l'humanité s'était réduite à quelques milliers de personnes, mais les gouvernements se félicitèrent d'avoir pris des mesures proportionnées et adaptées à la situation, qui avaient évité une catastrophe bien pire. En plus, la réduction de la population humaine avait de nombreux avantages écologiques et sociaux.

 

 

Autres mesures

 

Le CSS s'est distingué par d'autres mesures brillantes concernant des problèmes de santé publique effectifs ou hypothétiques. On pourra lister entre autres l'ajout d'un paratonnerre de tête par dessus le parapluie de tête et le trampoline de tête pour remédier aux risques de foudroiement accrus lors du port de l'armure de plate multi-couches. Mais aussi le dispositif de mesure de radiation inclus dans le casque en cas de guerre nucléaire. D'autres choses ont été rajoutées dans l'armure, toutes plus utiles les unes que les autres, malgré les dénégations des conspirationnistes terroristes antisémites dangereux, qui affirment absurdement qu'il y a tellement de choses dans l'armure qu'on ne peut même plus bouger un doigt. N'importe quoi. Avec quoi tapent-ils alors leurs dénégations ?

 

Et qu'on ne nous dise pas que c'est avec le dispositif d'écriture automatique à distance inclus dans le coude de l'armure, entre le dispositif de détection des bosons de Higgs et celui qui sucre le café. Ce dispositif n'a jamais marché.

 

A l'inverse des autres ajouts obligatoires : le tuba anti-noyade, la serviette pare-balles, les pansements anti-crash, l'IA intégrée pour servir de compagnon amoureux virtuel, les essuie-glace oculaires, nous en passons et des meilleurs.

 

Ajoutons encore le déployeur de protocoles, bras articulé équipé de fiches techniques, fixé au niveau de l'oreille gauche et qui permet à toute personne de consulter en un clin d’œil les protocoles sanitaires pour les anniversaires, les salles d'attente, les bureaux de vote, les salles de cour, les supermarchés, les marchés, les cinémas, les bars, les restaurants, les terrasses, les salles de sport, les... (pénurie d'encre)

 

 

*******

 

 

Communiqué de la Coalition secrète des Contestataires

 

Survivants de cette sombre période de l'humanité, afin de conserver la mémoire de celle-ci, nous avons pu faire parvenir jusqu'à vous ce document officiel du service de communication de la CSS, qui fut interrompu lors de la Grande Panne Générale, durant laquelle le CSS acheva son œuvre de destruction de l'humanité par l'idéologie de l'Absurdisme Politique. Nous enverrons des copies dans le passé pour avertir l'humanité du 21e siècle de ce qui l'attend si elle se laisse manipuler sans réagir.

 

Rappelons que la seule mesure que le CSS préconisa lors de la Grande Panne Générale fut d'interdire les pannes et les pénuries. Je vous laisse deviner pourquoi cela n'a pas fonctionné.

 

Notre première et dernière mesure pour sortir de cette crise engendrée par la gestion démente des crises est de proclamer par ironie l'état de canicule et d'incendie global : désormais et pour tous les rares survivants, il sera obligatoire d'être nu et de jeter son armure aux orties. De toute façon nous n'avons même plus de quoi fabriquer des vêtements. Et débrouillez-vous pour les ceintures de chasteté...

 

Fin de communication.

 

 

PS : heureusement, les piles des alarmes anti-stress sont mortes depuis longtemps.

 

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